CANTATE BWV 67 Aria N°6
Gardiner
Suzuki
Harnoncourt
Koopman

BACH ET LE NOMBRE

 

Cantate BWV 67

« Gardez le souvenir de Jésus Christ »

La Cantate

La Composition

Rappel sur le nombre

Présentation des Nombres :

Bach et le Nombre

La Signature

Bach et les Rose+Croix

Bach et la Cantate BWV 67

« La paix soit avec vous »

 

CANTATE BWV 67

« Gardez le souvenir de Jésus Christ »

 

Avant de plonger dans le vif du sujet à savoir Bach et le nombre. Etant donné que j’ai choisi volontairement la cantate comme illustration de ce propos je voudrai, dans un premier temps, parler de la cantate au temps de Bach.

 

LA CANTATE

La cantate est un genre musical très largement répandu dans le monde culturel de l’Allemagne luthérienne de la première moitié du XVIIIe siècle.

Au XVIe siècle le compositeur et théoricien Michel Praetorius n’affirmait-il pas déjà :

« A un culte complet n’appartient pas seulement une contio, une bonne prédication, il faut, en outre, une cantio, un bon chant et une bonne musique. »  

Toute la liturgie de la parole s’articule sur le chant de l’assemblée, la parole du pasteur et la musique sacrée savante. Cet aspect essentiel de la liturgie sonore est la mise en pratique du précepte que Luther tient de son maître Saint Augustin qui affirmait : «  qui  bene cantat, bis orat, »   Qui bien chante prie deux fois.

 

Ne nous étonnons pas alors de l’incroyable floraison de cantates. On connait au moins de réputation, les quelques 900 cantates de Stölzen, les1300 de Teleman, les 1425 de Graupner, et les 2000 de Krieger.

Les 300 cantates de Bach, dont seulement 200 nous sont parvenues ne représentent pas un cas particulièrement significatif sur un plan quantitatif.

 

Mais ce qui fait toute la différence de Bach sur ses confères tient à la densité, et à la qualité exceptionnelle de ses œuvres qui tranchent radicalement avec la production courante du temps.

 

Les cantates de Bach ne peuvent s’approcher qu’avec un regard qui englobe bien évidemment l’aspect de la complexité musical mais aussi historique, social et théologique voir ésotérique d’où l’utilisation dans certaines  de l’introduction du nombre comme substrat expressif.

 

LA COMPOSITION

Contrairement à ce que je croyais naïvement, imaginant   Bach en génial tâcheron se mettant devant sa table de travail le lundi matin  pour composer la cantate qui serait exécutée le dimanche suivant.

 

D’après les biographies que j’ai pu consulter et malgré une absence totale de tout document officiel la plupart des études s’entendent pour proposer la démarche suivante.

Bien en amont, environ un mois, une entente étroite avec le prédicateur sur la teneur du message  qui sera délivré.

Recherche du livret qui va illustrer ce message. Textes sacrés parfois demande d’un livret à un écrivain local en particulier à son ami Picander. Bach mettant parfois la main à la patte.

Composition 15 jours avant en fonction des effectifs envisageables à cette date.

Répétions, certainement le passage le plus court,  pas uniquement en fonction du temps imparti mais surtout au regard le la grande habileté doublé d’une hebdomadaire  habitude des musiciens concernés.

 

RAPPEL SUR LE NOMBRE

Avant de parler de Bach et du nombre je voudrai faire un rapide rappel du nombre qui, nous le vivons à chaque Tenue, à chaque Initiation est un des éléments fondateur de notre Rituel.

 

 « Tout est arrangé d’après le nombre » Pythagore 

 

Le monde du Nombre est le monde eternel du Timée de Platon.

 

On définit le nombre comme « l’unité ou une collection d’unités » car la notion de nombre repose entièrement sur le concept d’Unité, et chaque nombre n’est qu’un aspect particulier et analytique de l’Unité absolue, c'est-à-dire l’Univers qui contient tout.

Le Nombre est l’enveloppe invisible des êtres comme le corps est l’enveloppe visible. Cette enveloppe constituerait l’interface entre le Principe et la Forme.

Chaque nombre est donc susceptible de représenter une idée abstraite définie.

 

On laisse tomber toute idée de quantité pour basculer vers une idée de qualité. On peut dire que la langue des Nombres est la langue des idées, des pensées, de la connaissance s’opposant à la langue des sentiments qui ne s’exprime que par les mots.

 

Voilà pourquoi dans l’enseignement spirituel de tous les temps  on s’est servi du Nombre comme du symbole le plus précieux en raison de sa précision de sa simplicité, de son universalité

 

Je voudrais lire un passage du rituel de la Tenue Funèbre qui nous dit :

 

 « Le monde sensoriel n’est que l’une des formes passagères du fluide cosmique impondérable que nous nommons la grande âme universelle, source de toutes harmonies et dont le détenteur immatériel est le Nombre. »

 

Pour terminer cette présentation rapide, nous pourrions affirmer qu’il n’y a pas d’enseignement spirituel possible sans la connaissance de la langue universelle des Nombres et Jean Sébastien BACH en  avait parfaitement conscience.

 

Présentation des Nombres :

Quelques notions nécessaires :

 

Notion de Nombres pairs et de Nombres impairs.les Nombres pairs sont dits Passifs, les impairs Actifs, peut être pour une raison de symétrie et d’asymétrie.

Addition théosophique ou Racine essentielle:

De 4 est 1+2+3+4= 10

De 5 est 1+2+3+4+5= 15 etc.…

 

Réduction théosophique :

 

Grace à ces 2 règles on aboutit à de très curieux résultats :

1 =1

4 = 1+2+3+4 = 10 = 1+0 = 1

7 = 1+2+3+4+5+6+7 = 28 = 8+2 = 10 = 1+0 =1.

 

BACH ET LE NOMBRE

Bach baignait dans une époque ou la musique avait une réelle portée cosmique.

Kepler s’exprime de la manière suivante à son sujet :

 

 « Etant donné que par rapport aux autres, chaque planète peut être considérée comme tantôt s’approchant, tantôt s’éloignant du soleil, il est possible d’établir toute une série de rapprochement sur la base desquels on peut composer une échelle sonore où seul l’intervalle de seconde fait défaut. Même la gamme mineure à son équivalent céleste. Il ne faut dès lors plus s’étonner que l’homme ait pu trouver la belle et utile ordonnance des tons dans les modes musicaux, quand on constate qu’il n’a fait que se conformer à l’œuvre de Dieu et pour ainsi dire traduire en musique le spectacle du mouvement des corps célestes. »

 

Nous sommes grâce à ce texte plongé dans la musique des Sphères !

 

Ou encore le grand Leibniz contemporain de Bach donne dans une de ses lettres cette étonnante définition de la musique :

 

 « La musique est l’’exercice secret de l’arithmétique par l’esprit qui n’a pas conscience de compter. »

Bien que ceci ne se rapporte pas directement aux nombres nous pouvons imaginer que la symbolique des nombres peut s’inscrire dans cette arithmétique inconsciente.

 

LA SIGNATURE

De manière parfois tout a fait visible parfois plus secrète Bach a signer, parapher, émaillé  un grand nombre de ses compositions.

D’une manière toute simple le nom de BACH donnant en Allemand les notes : B si bémol, A la, C do et H si.

 

Ou encore ayant recours à la  guématria évoquée plus haut il transcrit les lettres en nombres

B A C H

2+1+3+8=14

Symbole de la mort et de la resurrection.

 

 Ou encore :

J S B A C H

9+18+2+1+3+8=41

 

Ou encore

JOHAN SEBASTIEN BACH+158 = (1+5+8= 14)

 

Citer de nombreux exemples serait fastidieux ;  laissez-moi simplement souligner que dans la Passion selon Saint Mathieu, dans le bref acte de foi des soldats après la mort du Christ, la partie de basse chante 14 notes, symbole de Bach mais aussi de la Résurrection.

 

Je voudrai maintenant aborder un passage délicat de ce travail. Délicat car aucun écrit n’appuie ce que je vais avancer mais délicat aussi par sa complexité.

 

Bach et les Rose+Croix

J’ai longuement hésité avant d’aborder ce point de mon travail mais je crois intéressant d’évoquer le rapport qui a pu exister entre nos guides et le grand musicien.

La seule justification de cette assertion se trouve dans la mécanique des  nombres.

Mais auparavant il nous faut changer de calendrier en s’appuyant sur celui des Rose+Croix basé sur la naissance de Christian Rosencreutz. L’année 1378 est l’an zéro de l’ère rosicrucienne.

Jean Sébastien Bach naquit le 21 mars 1685. Sa date de naissance devient alors en datation Rose+Croix le 21/03/307.

 

Reportons nous maintenait à l’année 1747 Bach pour rentrer à la Société des Sciences musicales présente une version des Variations canoniques comme démonstration de son savoir faire.

Si nous faisons le total des notes écrites pour ces Variations nous obtenons le nombre de 3690.il est évident qu’il s’agit du nombre 369 avec un zéro additionnel. Après une rapide péréquation ce nombre représente l’année 1747.

 

Pour boucler le cercle il faut se rappeler que, lors de son entrée dans la Société, Bach présenta outre les Variation canoniques, un canon énigmatique.

 

C’était la coutume de réaliser un portrait de chaque membre. Ce portrait fut peint par Hausmann. C’est d’ailleurs le seul portrait considéré comme authentique par les biographes. Dans cette peinture Bach tient  à la main une partition : c’est le Canon énigmatique évoqué plus haut. Ce Canon triplex a sei voci comporte 30 notes écrites

 

A l’occasion de son entrée dans la Société Bach n’écrivit pas 3690 notes mais 3690+30 soit 3720 = 372 qui nous donne après transformation  la date de 1750 année de la mort de Bach..

 

Nous sommes là en présence d’un mystère, un prodige  devant lequel la seule attitude juste est un profond silence.   Ou un profond scepticisme…

 

Outre cette hypothèse étonnante les Variation Canoniques sont dans la musique  du Cantor une mise à nue du discours musical, dépouillé d’ornements.

Soumis à la rigueur propre  à la symbolique des nombres, le matériau sonore s’ordonne. Chaque note est insérée dans un carré magique qui lui sert d’écrin. Comme si en disciplinant le son et les nombres  Bach atteint les sommets de la pensée humaine, l’entéléchie chère à Aristote ou l’Être atteint son état d’achèvement et de perfection. Le but le plus sublime est qu’il n’est plus possible de dépasser la vision du musicien, d’aller au delà.

Le Cantor lui-même s’est heurté à cette volonté de perfection : la dernière fugue de l’Art de la Fugue est restée inachevée…comme si, seul le silence pouvait l’achever.

Ainsi, la clarté astrale de ces pages évoque les images de la sérénité, de la suprême Sagesse.

 

C’est dans cette expression personnelle du plus haut niveau soumise à la rigueur de la structure rhétorique que je retrouve le Génie de l’enseignement maçonnique !

 

Avec un dévouement infini des architectes créèrent, au Moyen Age, les cathédrales, imposants et magiques symboles d’une conception de la vie totalement tournée vers Dieu. Toutes les proportions et détails visibles ou non y ont une signification symbolique : la communion avec l’Absolu.

 

Je pense que les Créations de Bach sont le fruit d’une mentalité analogue. Un homme capable de concevoir une musique d’une telle valeur d’éternité est sans aucun doute de part sa vie intérieure très proche des valeurs les plus fondamentales de la Création.

 

Ce n’est pas sans raison que notre Frère Goethe écrivait en parlant de la musique de Bach:

« C’est comme si l’harmonie éternelle s’entretenait avec elle même, comme cela devait probablement se passer dans le sein de Dieu peu avant la création de l’univers. »

 

Ou encore chez Nietzche :

« Avec la musique de Bach nous avons le sentiment d’assister au moment où dieu créa le Monde. »

 

BACH ET LA CANTATE BWV 67

 

Nous pouvons maintenant nous pencher sur cette cantate et plus particulièrement sur  l’aria n° 6, page à peu près sans égale dans toute l’œuvre de Bach.

Page où le Christ apporte la Paix sur la terre.

 

Paix mot emblématique que nous retrouvons dans nos différents Rituels.

 

Voici tout d’abord le texte de cet aria :

 

 «  La paix soit avec vous !

 

Quel bonheur pour nous ! Jésus nous aide à combattre

et à apaiser la rage de nos ennemis,

reculez, Satan et les enfers !

 

La paix soit avec vous !

 

Jésus nous mène vers la paix

et rafraichit en même temps

notre esprit et notre corps las.

 

La paix soit avec vous !

 

Ô Seigneur, aide- nous et fais-nous parvenir

à travers la mort pour gagner ton glorieux royaume !

 

La paix soit avec vous ! »

 

Dans ce morceau extraordinaire Bach va opposer l’inquiétude de l’Humanité à la Sérénité Christique.

 

Dans l’Aura de sa voix de basse comme toujours chez Bach le Christ apparait non pas aux disciples comme le rapporte l’Evangile de Jean mais à l’Humanité toute entière.

 

Au terme d’une introduction  confiées aux cordes, dans un climat très tourmenté qui figure à l’évidence l’inquiétude et l’agitation de l’Humanité, s’élève une douce harmonie, le concert de la flute et des hautbois d’amour, ici dans un climat de tendresse souverainement apaisant. Tout dialogue est désormais inutile : il suffit au Christ d‘avancer cette simple salutation :

 

« La paix soit avec vous »

 

Ces mots nous les entendrons très distinctement isolés, à quatre reprises. A chaque itération du motif ces mots de paix seront proférés trois fois, où l’on peut clairement distinguer un symbolisme trinitaire.

Quatre affirmations prononcées trois fois cela nous amène tout naturellement au douze qui à travers les apôtres concerne ainsi l’Humanité entière.

 

On peut également observer que les quatre interventions du Christ enchâssent trois interventions des hommes, soit sept sections, allusion évidente au chiffre de la genèse qui parcourt la Bible et en particulier aux sept jours de la Création.

 

L’équilibre est parfait : les interventions du Christ comptent chaque fois 16 mesures (en mesure à 3 temps bien sûr) nombre du Créant et celles des Hommes 12 mesures (en mesure à 4 temps) le 4 étant le signe du Crée.

 

En  d’autres termes chaque section compte 48 temps 16x3 pour le Christ, ou bien 12x4 pour les hommes.

Ce qui confère à l’ensemble une harmonie souveraine.

 

Nous prenons conscience, ici, de toute la force du substrat numérique qui soutient ce morceau.

Certes cette trame est invisible, mais elle apporte à cet ensemble aux contrastes si marqués, voir aux oppositions apparemment si contradictoires l’équilibre indispensable pour justifier le  véritable message que  Bach délivre à la fin de ce prodigieux morceau.

 

En effet après une alternance de paix profonde dont le Christ est porteur et des turbulences liées à la  vie terrestre, dans la troisième et dernière intervention des hommes, le Christ se mêle un moment à leurs voix : il affirme sa présence pour les guider au delà de la mort vers la Réintégration, l’Eternité retrouvée.

 

Comme toujours chez Bach c’est un message d’espoir qui est délivré.

 

CANTATE BWV 67

Version Leonhardt

R.·. L.·. OUDJAT (GLSH)

Or.·.de     : F - 26700 Pierrelatte
Fondée en  : 2000
Temple       :

18, rue Paul Sabatier 
(C.P.C.A.V.) 

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Les FF SS visiteurs souhaitant participer aux agapes sont invités à réserver 48h à l'avance thiebautchantal@orange.fr
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